Le guidage vocal

Le guidage vocal est une proposition d’oralisation en écriture où l’élève verbalise à voix haute pendant qu’il écrit. Voici pourquoi cette technique est importante dans l’enseignement de l’écriture :

  1. Associer le geste au langage oral: L’écriture n’est pas qu’un geste graphique, elle associe le geste, le son et le sens. Les programmes sont en cours de modification mais les anciens documents d’accompagnement précisaient:. « « L’objectif étant de construire la valeur symbolique des lettres, l’enseignant veille à ne jamais isoler les trois composantes de l’écriture : la composante sémantique (le sens de ce qui est écrit), la composante symbolique (le code alphabétique) et la composante motrice (la dextérité graphique) ».
    L’entrée dans l’écriture cursive se fait par un entrainement gestuelle des formes de base. Il est donc important de ne pas faire de cette activité un entrainement qui ne serait que du dessin de formes mais bien de l’écriture.
    Pour cela, l’élève doit verbaliser, oraliser ce qu’il écrit pour que cela soit du langage.

    Que peut-on leur demander d’oraliser?
    Quand j’ai commencé à enseigner l’écriture, j’ai beaucoup cherché des ressources, n’ayant eu aucune formation à ce sujet. J’ai trouvé plusieurs propositions et notamment celle de décrire le geste: je monte jusqu’à la troisième ligne, je redescends sur le ligne d’écriture….
    Force est de constater que cette technique n’est pas au service de la fluidité du geste et crée des cassures dans la lettre.
    Pour accompagner l’entrée dans l’écriture avec fluidité, l’oralisation doit se faire au service du geste et non contre lui.
    Je propose à mes élèves qui suivent les cours de graphopédagogie un guidage vocal élaboré au fil des années de pratique qui convient à la quasi totalité de mes élèves: chaque geste s’accompagne d’un terme: tourne, grande, pic, pont… rapide à dire et qui ne freine pas le geste.
    Certains élèves ayant du mal à adopter ma proposition souhaitent changer, cela ne me pose pas de problème si la fluidité peut être possible.
    Pour écrire un enchainement de trois boucles, certains préfèrent dire boucle-boucle-boucle, je trouve cela beaucoup moins simple que tourne-tourne-tourne mais plus facile que saperlipopette-saperlipopette-saperlipopette.
  2. Développement de la conscience linguistique :
    Cette habitude étant prise, les élèves vont de fait écrire les premières syllabes, les premiers mots en oralisant. L’oralisation en écriture permet à l’élève de réfléchir activement à la langue en cours de création. En articulant ses pensées à voix haute, il prend conscience dans un premier temps des correspondances phonème-graphème, puis de la structure grammaticale, du choix des mots et de la cohérence de son écriture.
  3. Eviter les erreurs de copie: Pour copier efficacement un texte, il faut l’avoir lu et pas seulement regarder comme ont tendance à faire trop de mes élèves. Les « captures d’écran » visuelles s’avèrent peu efficaces avec des copies qui deviennent de plus en plus longues. Certains élèves sont capables d’omettre une syllabe, un mot, une phrase, un paragraphe de les répéter sans s’en rendre compte et ils ont souvent beaucoup de mal à se corriger.
  4. Accéder à la compréhension: Je suis encore, après toutes ces années de graphopédagogie, attristée de constater qu’après avoir copié pendant plusieurs minutes, l’élève est incapable de restituer verbalement le sens du texte et parfois il se trouve incapable de nommer un seul des mots qu’il a pu copier. L’oralisation est au coeur des stratégies de copie car pour pouvoir oraliser l’élève doit avoir lu la syllabe, le mot, la phrase qu’il doit copier.
    Dès l’entrée dans l’écriture, on l’encourage à prendre le temps de cette lecture, de la compréhension du mot, de l’appui sur l’image mentale gages de mémorisation.
    Je dis souvent à mes élèves que si on leur demande d’écrire à l’école ce n’est pas pour leur casser les pieds car on pourrait leur donner des photocopies, des padlets… mais qu’en écrivant ils apprennent, faut-il encore qu’ils utilisent pour cela de bonnes stratégies de copie.
  5. Clarification des idées : En verbalisant leurs pensées pendant qu’ils écrivent, les élèves ont l’occasion de clarifier et d’organiser leurs idées. Cette pratique les aide à exprimer plus clairement ce qu’ils veulent communiquer, ce qui conduit souvent à une écriture plus cohérente et plus convaincante.
    Il faut alors synchroniser le rythme de sa pensée à celui de son geste graphique.
  6. Détection des erreurs : L’oralisation en écriture permet également de détecter plus facilement les erreurs et les incohérences dans son texte. En écoutant attentivement ce qu’ils disent à voix haute, les élèves peuvent repérer des oublis de syllabes, des phrases maladroites, des répétitions ou des fautes de grammaire qu’ils auraient pu manquer en lisant silencieusement.
  7. Renforcement de la mémoire : Le fait d’entendre ses propres mots à voix haute peut aider à mieux mémoriser ses idées et ses formulations. Cette répétition auditive peut renforcer la rétention et aider à se souvenir plus facilement de ce qu’il a écrit, ce qui est particulièrement utile lors de la révision.
  8. Encouragement de l’auto-évaluation : L’oralisation en écriture encourage l’auto-évaluation et la réflexion métacognitive. En entendant leurs propres mots, les élèves peuvent évaluer la clarté, la cohérence et l’efficacité de leur écriture, ce qui les aide à développer leur sens critique et leur capacité à s’améliorer en tant qu’écrivains.
    C’est également d’une grande aide pour monopoliser ses compétences orthographiques et grammaticales.

L’oralisation en écriture est une pratique précieuse dans l’enseignement de l’écriture, car elle favorise le développement de la conscience linguistique, la clarification des idées, la détection des erreurs, le renforcement de la mémoire et l’encouragement de l’auto-évaluation. En encourageant les auteurs à verbaliser leurs pensées pendant qu’ils écrivent, les enseignants peuvent aider à améliorer la qualité et l’efficacité de l’écriture de leurs élèves.

Nous avons la chance de pouvoir proposer toutes ces étapes: oralisation, lien lecture/écriture, apport de l’image mental, stratégies de copie… dans la collection des cahiers d’écriture Bordas pour tous.

Dès la Moyenne Section, une proposition de guidage vocal est faite aux élèves dès les premiers tracés de boucles, de pics.
De classe en classe, l’élève retrouve ce guidage et est invité à verbaliser tout ce qu’il écrit. En Grande Section, on associe phonologie et écriture pour que l’élève encode et écrive en conscience les premières syllabes, les premiers petits mots.

A partir du CP, différents exercices de stratégies de copie sont proposés tout au long de l’année: cache-lecture, lis-dessine-copie, copie couleurs…

Les stratégies de copie restent au coeur des exercices de copie dans les cahiers de CE1 et CE2 ainsi que des propositions de productions de phrases, de textes…

Les projets de nouveaux programmes mettent cela en avant:

Voilà une très bonne nouvelle avec celle de préciser qu’il faut travailler la ligature entre deux lettres dès la Moyenne Section.

Pour aller plus loin:

Ecriture, Mouvements, Oralisation: Méthode MéMo

Ecriture MS/GS
Ecriture GS
Ecriture CP
Ecriture CE1
Ecriture CE2